Artistes Hunter Longe

Scientifiques
Alexandra Demers-Roberge / Nicolas Meisser / Christel Genoud / Jean Daraspe / Arnaud Magrez

Auteur.sÉlodie Blomet / Aurélien Maignant
The Badweeds
Hyperliens

Hunter Longe, artiste visuel américain, a passé plusieurs mois en résidence de recherche et de création à La Grange. Durant sa résidence, il a produit plusieurs oeuvres au contact de différents laboratoires de géographie, de microscopie et de sciences géologiques. Il a également travaillé avec le musée cantonal de géologie. Les oeuvres issus de cette résidence ont été présentées dans une exposition collective curatée par Hunter et l’artiste visuelle Matheline Marmy intitulée 







Le fanzine THEBADWEEDS #HYPERLIENS est un objet hybride unique, né de la collaboration de Rocio Berenguer, autrice et metteuse en scène, avec Romain Bionda, chercheur à la Faculté des lettres de l'Université de Lausanne (UNIL). Ce fanzine est né d'une résidence de recherche croisée entre arts et sciences, réalisée dans le cadre de la création du spectacle BADWEEDS, un concert chorégraphique mêlant chant, slam et danse hip-hop, qui met en scène un groupe de musique trans-espèce mi-humain mi-végétal. Ces "BadWeeds", étranges hybrides, symbolisent avec humour et courage la résilience des mauvaises herbes, qui prospèrent dans les lieux les plus inhospitaliers et les plus anarchiques.

THEBADWEEDS #HYPERLIENS rassemble plusieurs entrées possibles dans le geste artistique de Rocio. Il présente les chansons sauvages et le manifeste du groupe d’éco-pop THEBADWEEDS. Un poster inclus dans le fanzine vise à élargir la fanbase de ce groupe fictif, et des tutoriels poétiques offrent une approche ludique de l'éco-résistance et de la cohabitation interespèces.

Le fanzine inclut également un essai théorique intitulé Le terreau des mauvaises herbes qui explore les concepts sous-jacents à la création artistique de Rocio Berenguer. L’essai est enrichi par une postface de Romain Bionda intitulée Du G5 interespèces au transpécisme des BADWEEDS. Dans cette postface, Bionda analyse les dernières œuvres de Rocio Berenguer, en particulier BadWeeds, et contextualise certains de leurs enjeux majeurs : la crise écologique, les relations interespèces, l'anticipation, la science-fiction, et les dynamiques esthétiques qui lient l'art et le public
Le fanzine devient pour le spectacle un support à la fois artistique et académique, qui prolonge et approfondit les réflexions initiées au plateau par la troisième création de Rocio Berenguer. Il plonge les spectateuricexs dans l'atmosphère festive d'un concert où les codes de la pop culture sont détournés pour évoquer la puissance des mauvaises herbes et proposer l’expérience sensible d’un futur végétal et non anthropocentrique.

En s'inspirant de ces végétaux résistants, Rocio propose un conte écologique qui aborde avec joie et créativité les formes de résistance et de coexistence à inventer. Le fanzine, à travers ses multiples contenus, incarne cet esprit de renouveau et d'émerveillement face à la diversité du vivant, comme une réponse aux récits dominants axés sur la peur et la culpabilité. Il invite ses lecteuricexs à "s'amuser ensemble en faisant fleurir un nouveau monde non anthropocentrique" : une vision optimiste et engagée de notre avenir commun.


Le texte de Romain Bionda décrit comment, dans l'univers de Rocio, les BADWEEDS sont présentéexs comme des êtres hybrides, à la fois humanoïdes et végétaux, dont l'apparence "alguesque" suggère une fusion entre différentes formes de vie.

Pour Romain, THEBADWEEDS incarnent une forme de résistance et de résilience, symbolisée par leur nature de mauvaises herbes, qui, malgré les conditions hostiles, continuent de croître et de s'adapter. Il voit dans ces figures une métaphore de l'espoir en une transformation possible face à la crise climatique. Ces créatures transespèces, qui scandent "nous sommes des êtres en devenir pour des futurs en devenir", représentent l'idée que, même en période de crise, il est possible de se réinventer et de trouver des solutions inattendues, comme celles que pourraient offrir les mauvaises herbes.

Bionda souligne également l'importance des récits et des figures collectives pour inspirer et guider le public dans la lutte contre les défis environnementaux. Les THEBADWEEDS ne sont pas seulement des personnages de fiction, mais des figures emblématiques qui cherchent à fédérer une communauté autour d'une nouvelle vision du futur,  centrée sur une coexistence interespèces. Son approche invite à repenser notre relation avec le vivant, en adoptant une perspective où l'hybridation et la transformation sont vues comme des réponses créatives à la crise climatique.

Bionda conclut sur l'idée que, bien que les fictions climatiques puissent parfois sembler inefficaces pour changer les comportements individuels, elles ont néanmoins la capacité  de susciter le dialogue. Discuter collectivement de notre futur, même à travers des œuvres de fiction comme les BADWEEDS, est essentiel pour élaborer des réponses communes aux défis écologiques actuels. Ainsi, qu'il soit végétal ou non, l'avenir doit être pensé et discuté ensemble, avec l'idée que de nouveaux récits et de nouvelles figures peuvent nous aider à naviguer dans le "nouveau régime climatique" qui se dessine.