Artistes Matheline Marmy

Scientifiques
Alexandra Demers-Roberge / Nicolas Meisser

Auteur.sÉlodie Blomet / Aurélien Maignant
Deep Time
Matheline Marmy est une artiste visuelle suisse entrée en résidence à La Grange en 2022. Dans le cadre de son travail sur l’organique et l’inorganique elle a produit plusieurs pièces de l’exposition “Dédiée à sa propre allure”, intitulées Deep Time. 







Matheline Marmy a achevé une résidence artistique à La Grange, où sa pratique, centrée sur l'indexation de traces – qu'elles soient humaines, chimiques ou bactériennes – et sur l'interaction entre les composants vivants et non vivants, s'est enrichie de dialogues et d'échanges avec des experts de l'Université de Lausanne (UNIL).

Pendant cette résidence, Marmy a travaillé aux côtés d'Alexandra Demers-Roberge de l'Institut des sciences de la Terre, ainsi que d'Éric Verrechia de l'Institut des dynamiques de la surface terrestre, tous deux de la Faculté des géosciences et de l'environnement de l'UNIL. Cette collaboration a permis à Marmy d'approfondir sa compréhension des processus géologiques et de la croissance minérale. Ensemble, ils ont exploré la formation des minéraux et des formes cristallines. Elle en a tiré une réflexion sur le "Deep Time" – les temporalités qui transcendent l'expérience humaine.

En parallèle, Marmy a bénéficié de l'expertise de Dr Nicolas Meisser, conservateur de minéralogie et de pétrographie au Musée cantonal de géologie. Elle a pu accéder à des instruments de pointe, notamment des microscopes électroniques, pour observer et capturer des images des surfaces oxydées de ses œuvres. Ces observations microscopiques ont révélé des détails d'une complexité fascinante, permettant à Marmy de documenter et d'intégrer ces processus naturels dans son travail sculptural.
Les créations issues de cette résidence ont été présentées dans l’exposition "Dédié·e à sa propre allure", à La Grange. Cette exposition collective se distingue par sa nature lente et évolutive, s’inspirant des rythmes superposés du monde – solaire, lunaire, sidéral et circadien. À l'image des saisons qui se superposent aux jours et aux marées, les œuvres présentées dans l'exposition se chevauchent, se déplacent et évoluent au fil du temps. Certaines œuvres changent et grandissent, tandis que d'autres vont et viennent, créant ainsi une interaction dynamique avec l'espace.

Inaugurée le 25 février, la première phase de cette exposition est fortement inspirée par la croissance des minéraux et leur relation intrinsèque avec le vivant, un phénomène baptisé bio-géo-coévolution. En explorant les premières formes de vie, leurs traces et leur impact sur l'environnement, ainsi que les processus par lesquels de nouveaux minéraux se forment grâce à l'activité organique, l'exposition brouille les frontières entre le vivant et le non-vivant, entre les sciences et les arts. Elle révèle ainsi une créativité intrinsèque à la matière elle-même.

Deep Time invite ainsi le public à une immersion dans un monde où l'art et la science se rencontrent, offrant une perspective nouvelle et poétique sur les liens profonds entre la vie, le temps et la matière.